[left]Sous les rafales du vent, sur la houle vibrante,
Comme sur des chevaux fous, la cavale sifflante
Refoulée par l'étreinte de la mer souveraine
Le grand navire aux trois mats se balance, se démène
Face au supplice mat'lots solidaires s'élancent
Le marin n'est plus rien ou que poussière encombrante
A ce monde en colère il hurle que peut-être il mourra
Sans pleurer sans prière dans les flots...succombera!
L'océan déchainé sous la tempête harcelante
Emporte en ses bras une vie fière et insolente
Puis comme assouvie par cet ultime sacrifice
D'une pacifique tiédeur se calme sans malice
Sur les tables en chêne la lanterne s'assoupie
Les gosiers pleins, la mousse séchée, les verres ont pâli,
Des gorges profondes sifflent le chant des souvenirs;
Sur le quai les marins ont amaré leur grand navire
Le cri des mouettes chante la naissance de l'aube
Les longs rouleaux de la mer s'épuisent sur les côtes
Quand la bruine dépose ses doux frissons humides
Le goût du sel se mélange à la brise timide
Dans le silence du nouveau jour se mobilise
Le voile discret des peines qui s'enlisent
Dans un rêve sans images où le corps envolé
Rejoindra ces marins dont le coeur un jour a coulé...